

-par Jean
‘’Jean-Noël Spitzer (manager du RC Vannes) m’a appelé en me proposant le prêt de Lucas. Nous n’avions alors pas besoin d’un demi de mêlée supplémentaire mais j’ai eu le sentiment que Tim (Massicot) allait prendre du temps à se remettre de sa pubalgie. J’ai cru en mon intuition de devoir signer un joueur supplémentaire. Lucas était donc pour nous une plus value et potentiellement un joueur qui avait tous les outils pour évoluer en Fédérale 1’’. Yann Moison se remémore les tractations estivales et c’est ainsi qu’après Tim Menzel, Lucas Ollion fut le deuxième demi de mêlée à rejoindre à l’intersaison le REC, en provenance du RCV.
La Nouvelle-Zélande… ou la F1
Il n’était pas si simple pour Lucas de quitter son club formateur, qu’il avait rejoint après avoir débuté à Pluvigner. Le club surtout où il a tout connu et qui lui avait fait réaliser le grand saut : celui de découvrir la fournaise de la PRO D2, à 18 ans. À la Rabine d’abord puis à Bayonne, Grenoble ou encore Montauban, le demi de mêlée a plongé dans la rude deuxième division, la lutte pour le maintien, la volonté de placer son équipe sur l’échiquier hexagonal. Lucas se souvient : ‘’c’était quelque chose d’irréel. Tout ce que tu as idéalisé, rêvé, tu le vis : les beaux hôtels, l’avion, les avants-matchs et puis les stades, c’est dingue. La Rabine c’est fou’’. Et sur le plan du jeu ? ‘’La PRO D2 est réputée pour ses contacts, son âpreté et c’est une réalité. Ça tape vraiment fort, il y a beaucoup de densité, du rythme’’.
La deuxième saison en senior fut plus difficile : après la préparation physique avec le groupe professionnel et la phase de brassage avec les U23, Lucas squatte l’infirmerie, puis reprend en fin de championnat jusqu’aux play-offs d’accession, stoppés à Blagnac. Et il soumet l’idée d’un départ. ‘’J’avais la sensation d’avoir fait le tour de la catégorie (NDLR : avant d’évoluer en Espoirs Fédéraux, Lucas avait aussi joué en Espoirs Élite avant que le RCV descende), je voulais voir autre chose. Il me restait un an de contrat et Jean-No’ ne voulait pas me laisser partir définitivement. Il m’a proposé d’aller jouer en Nouvelle-Zélande ou d’être prêté en Fédérale 1. J’ai choisi la deuxième option’’.
Passe dé’ pour débuter
Lucas dépose donc ses bagages en terres rennaises et rejoint le collectif Noir et Blanc. Lequel doit confirmer son premier acte réussi en Fédérale 1 quand Ollion doit se montrer. L’enjeu est sensiblement le même pour le groupe comme le joueur. Le demi de mêlée doit s’intégrer, ce qu’il n’avait finalement jamais fait : ‘’je ne dirais pas que ça été compliqué de m’intégrer au groupe mais il a fallu le faire. À Vannes, on accueillait les nouveaux et là, c’était moi dans ce rôle, c’était une nouveauté. En plus je suis arrivé blessé. Mais j’ai découvert un groupe sympa avec un bon état d’esprit’’.
Il découvre la Fédérale 1 sur la fin du premier bloc de championnat en entrant face à Marmande, délivre la passe décisive de l’essai du bonus pour Romain Laboudigue avant de démarrer à Niort. Son championnat est lancé. Depuis, Lucas multiplie les apparitions et supplée Tim Menzel, quand ce n’est pas lui qui débute tout simplement. Et ne regrette pas son choix. ‘’Je trouve que la Fédérale 1, c’est vraiment bien notamment pour des profils comme le mien qui souhaitent gagner du temps de jeu et s’aguerrir. C’est très relevé et intense. Il y a moins de volume de jeu qu’en Espoirs Élite mais l’aspect stratégique prend une part plus importante’’.
‘’Passe laser’’
Au moment de parler de l’un de ses joueurs, Yann Moison évoque d’abord ‘’une super pioche sur les plans rugby et humain’’. Avant d’ajouter, ‘’c’est un élément avec un bon jeu au pied et une excellente passe, très rapide’’. Matthys Gratien, ailier du RCV qui l’a côtoyé à Vannes, est sur la même longueur d’ondes. ‘’Lucas a une passe laser. Il l’utilise pour animer, distribuer mais peut aussi jouer vite un coup s’il voit qu’il y a une différence à faire. C’est aussi un bosseur qui déteste perdre et même gagner sans la manière (rires)’’. Le profil est planté. Une technique individuelle au-dessus de la norme et la rage de vaincre. Au coach Moison d’apporter des axes de progression, ‘’il doit désormais être capable de fixer sa qualité de passes sur 80 minutes, rester précis. Il aussi besoin de prendre en maturité mais il en a fait preuve sur certains matchs. À lui de faire en sorte de rester concentré tout le temps. Ça viendra’’.
En débarquant au REC, club qu’il voyait comme un rival (‘’avant les sélections jeunes, je me rappelle que je disais que je n’irais jamais jouer à Nantes et à Rennes. À Nantes, c’est toujours le cas et à Rennes, j’ai changé d’avis (rires)’’), Lucas s’est mis au diapason de la Fédérale 1. Son entrée, pleine d’autorité, lors du match retour face au Bassin d’Arcachon dans une fin de match qui a offert la gagne aux Rennais, le démontre s’il le fallait. Et dans une dernière ligne droite qui doit permettre aux Bretons d’aller chercher le maintien, le demi de mêlée s’impose comme un atout supplémentaire. ‘’Il faut finir la saison en beauté, viser plus haut que cette place de premier non-relégable. Le groupe peut le faire’’. Avec Ollion donc, et sa passe laser dans son barda.