


-par Jean
Une croyance datant de la civilisation égyptienne veut que les chats vivent sept vies et qu’à l’issue de cette dernière, ils soient réincarnés en humain. Toutefois, si les félins peuvent se targuer d’avoir à la fois connu William Webb Ellis et Jason Robinson, il se pourrait qu’ils en viennent à jalouser Antoine Bertrand. Sous les couleurs noires et blanches du Rennes Étudiants Club, Antoine a vécu largement sept vies, s’imposant comme un incontournable dans le paysage réciste. De joueur à entraîneur de l’équipe fanion en passant par coordinateur de l’école de rugby, éducateur et entraîneur des U13, des U15, des Cadets et Juniors, il est devenu indissociable de la formation rennaise et du club dans son ensemble.
Ovali'Sens, quartiers, sections sportives
Fin juin 2019, casquette vissée, sifflet, chrono autour du cou. Au stade du Berry, Antoine Bertrand vit ses derniers instants comme salarié du Rennes Rugby. Sur un terrain, sans hasard, alors que l’Urban Rugby (l’un de ses bijoux) bat son plein, il s’évertue à faire en sorte que les centaines de joueuses et joueurs à défiler pendant la semaine se prennent au jeu de rugby. Comme un symbole, cela se termine dans les quartiers de Rennes pour celui qui y aura développer la discipline, implanter Ovali’Sens au club (pour les enfants autistes) et développer les sections dans les collèges comme Rosa Parks. Débarqué au REC treize ans plus tôt, en 2006, à l’orée d’une nouvelle saison, Antoine est alors joueur et loin d’imaginer à l’instant de jouer son premier match avec le maillot frappé de l’hermine, que sa vie sera désormais liée pendant plus d’une décennie à celle du club.
Demi d’ouverture, buteur de surcroît, il débarque alors au REC en provenance du Rugby Club Vannes. Club avec lequel il s’est imposé comme un joueur régulier en Fédérale 2. À Rennes, il connaît la Fédérale 3 puis 2, les montées (comme à l’issue de cette rencontre face à Saint-Jean d’Angély où il avait ouvert le score en juin 2008), les maintiens arrachés et les longs coups de pied d’occupation pour faire souffler son camp.
Jean-François Jammes : J’ai rencontré Antoine lors de la première année où j’ai entraîné le REC en Fédérale 2. Il jouait dix ou douze et nous on le positionnait surtout à l’ouverture : en somme, c’était un très bon joueur. Très technique avec de la vitesse, un solide défenseur et un profil polyvalent qui pouvait aussi dépanner à l’arrière voire à l’aile à l’occasion. Sur le plan humain, c’était le top pour un groupe. En plus d’assurer sur le terrain, il était capable de fédérer et ne se plaignait jamais. Pour ma part, j’en ai fait un cadre, un des premiers noms que tu couches sur la feuille de match.
13 saisons au club
Diplômé d’un BEES 1 spécifique Rugby à XV en 2006 avant d’arriver au REC, il obtient le DEJEPS à Marcoussis en 2011 et s’impose d’abord en tant qu’éducateur. Nombreux sont ceux à avoir connu Antoine à leurs arrivées au club, passé par l’ensemble des catégories en tant qu’entraîneur puis ‘’superviseur’’ dans son rôle de coordinateur de l’EDR. Il a eu l’occasion d’entraîner l’ensemble des générations passées par la formation du club depuis son arrivée.
Hugo Dardoize (formé au club, douze saisons au REC) : J’ai vu Antoine à mon arrivée au club à l’âge de six ans. Il a toujours été présent pour nous, soit en tant qu’éducateur référent soit en tant que coordinateur. Un souvenir me revient, en Juniors, moi qui jouais plutôt dix en B, il m’avait offert l’opportunité de jouer à l’arrière en 1. C’est à ce poste là que j’ai pu connaître la sélection Bretagne un an plus tard. C’était le génie d’Antoine je dirais (rires) ! Plus sérieusement, il restera pour moi et pour beaucoup de joueurs de nos générations comme notre entraîneur de toujours.
Montée en 2015
En 2015, il rejoint le staff de la Fédérale 3 aux côtés de Jean-François Jammes, participe à la montée dans le rôle d’entraîneur des trois-quarts et est maintenu l’année suivante en Fédérale 2. L’équipe rennaise est composée de nombreux joueurs qu’Antoine a eu l’occasion d’entraîner, notamment lors de leurs passages au pôle jeunes. Hugo Berment, Arnaud Le Berre, Sébastien Fasquel, Antoine Poussin et consorts ; tant de joueurs à avoir déjà évolué sous les ordres du Breton et alignés en championnat pour défier Suresnes, Clamart ou encore Compiègne.
Arnaud Le Berre : Je me souviens d’une année difficile pour le club en Fédérale 2 où le groupe n’aura jamais lâché, notamment mené par Antoine. On s’arrache pour gagner en fin de championnat et on est sauvés par la relégation de Tours. Le club a ensuite pu se construire sur ce maintien et voir plus haut. C’est un souvenir important pour le groupe.
Jean-François Jammes : Avec la casquette d’entraîneur, il est très proche des joueurs. On a coaché ensemble pendant un mois et demi sur des play-offs de Fédérale 3 où l’équipe obtient la montée avant de s’incliner en quarts de finale. Antoine met l’humain au centre du travail et est toujours en quête de cohérence tout en s’appuyant sur un solide bagage technique.
Après la montée puis la lutte pour le maintien en tant qu’entraîneur des trois-quarts de l’équipe fanion, Antoine bascule ensuite sur la B avec son compère Maël Le Galloudec. Leur collectif vit une mémorable épopée en play-offs, conclue aux portes des demi-finales face à Suresnes au terme d’un match au scénario rocambolesque.
Il retourne ensuite sur le pôle jeunes encadrer le collectif Cadets. Les générations 2003-04 auront donc été les dernières entraînées par Antoine sous les couleurs noires et blanches du Rennes Étudiants Club. Par son travail et sa gentillesse, le technicien laisse une empreinte indélébile sur le club. Quelques lignes ne suffiront pas à rendre hommage aux milliers d’heures de terrain et de tableaux blancs consacrés à la progression des joueurs récistes. Merci pour tout Antoine et à bientôt. Le club te souhaite le meilleur dans ta vie personnelle, familiale et professionnelle.