Sans bruit, Clément Fontaine a fait sa place dans le collectif breton entre interventions musclées dans les zones de ruck et goût pour les tâches obscures. Débarqué en janvier, notamment pour suppléer Pierre Algans, convalescent, il a déposé ses bagages en Bretagne, apportant sa connaissance du rugby et ses qualités pour la lutte. Physiquement, son mètre 94 et ses 120 kilos, le positionnent logiquement en deuxième-ligne. Son profil de joueur surtout l’a mené à ce poste aussi ingrat que déterminant. Victor Fromenteze acquiesce. ‘’C’est le profil type du numéro cinq moderne, lourd mais vraiment mobile, très complet, qui met la tête où certains ne mettraient pas le pied’’. Le décor est planté.
Pour remonter la route rugbystique de Clément Fontaine, il faut connaître la Catalogne. La chaleur étouffante, le bruit des cigales, les rues exiguës de Thuir à l’ombre des chênes de cette cité du Xe siècle. Fontaine a débuté à l’US Thuirinoise avant de rejoindre l’USAP où il évolue jusqu’en Espoirs. Ses frères, Sébastien et Florent, jouent aussi au rugby, Florent, troisième-ligne et spécialiste de la Fédérale 1, a notamment défendu l’étendard du VRDR. Clément, quant à lui, découvre le monde professionnel avec Bourgoin. Chez les pensionnaires de Rajon, il évolue notamment en PRO D2 puis en Fédérale 1 avant de rallier l’ambitieux Stade Niçois.
Le passage de Clément Fontaine à Nice a coïncidé avec l’épopée azuréenne entre succès, montée et jeu flamboyant. Nicolas Tachat (Bourg-en-Bresse), y a côtoyé Clément et en dresse un portrait somme toute dithyrambique. ‘’Dans une équipe, il faut un homme et un joueur comme lui. Si je pouvais tout raconter, j’écrirais un livre sur Clément. C’est un joueur très propre, gros bosseur et discipliné même si lors de son premier match à Nice, il avait écopé d’un rouge… qui était pour moi (rires). J’ajouterais aussi qu’il est toujours souriant et blagueur’’. Fontaine et Tachat ont aussi connu un épisode qui les a liés à jamais. La grave blessure dont fut victime James Lasis, leur coéquipier à l’époque, et qui l’a lourdement handicapé. Le Néo-Rennais écrit depuis soigneusement ‘’Lasis’’, à chaque match, sur son strap au poignet.
La Bretagne désormais
Nice et Fontaine manquent la montée en PRO D2 et le deuxième-ligne file en Australie avec la volonté de découvrir un autre type de rugby. C’est à Manly, en D1 Australienne, dans un club qu’a notamment connu Joaquín Díaz Luzzi, que Clément atterrit. C’est bien clair, en Australie, avec cette équipe de la banlieue de Sydney, Fontaine empile les titularisations jusqu’aux play-offs et signe à Rennes en suivant.
‘’Clément apprécie mettre de la précision dans le jeu, il maîtrise les rudiments au poste, se montre efficace en conquête et investi dans les tâches obscures’’ explique le manager Kévin Courties. ‘’Je dirais qu’il répond à la fameuse image qu’on se fait d’un deuxième-ligne, lequel ferait effectivement son boulot si on ne le voit pas. Quoi qu’il en soit, les connaisseurs savent où il est et ce qu’il apporte. Dans le groupe, il a vite trouvé sa place, avec respect, il sait aussi faire part de ses besoins, notamment quand il faut gagner en qualité et en exigence’’. Remplaçant face à Albi, Fontaine a vite enchaîné ensuite. Dans le vestiaire, vous le trouverez silencieux et prêt longtemps avant le coup d’envoi. Besogneux, avant de lutter sans relâche, jugulant les mauls adverses, appréciant l’art du ruck, infatigable. Vraiment catalan, voyageur aussi et quelque peu Breton.
