-par Jean
Samedi 7 septembre, en donnant, à 18 heures, le coup d’envoi de Rennes-Tyrosse, Simon Piaud a lancé les hostilités de la deuxième saison du REC en Fédérale 1. Et permis à plusieurs néo-Bretons d’officiellement lancer leur aventure noire et blanche en jouant leur premier match de championnat. Avec le numéro deux floqué sur sa tunique à l’hermine, Patrick Tuugahala fait partie de ceux-là. À 21 ans, le talonneur a débarqué à l’intersaison en provenance du Racing 92. S’il a effectué ses premiers pas rugbystiques chez la référence montoise, Patrick a été principalement formé en région parisienne : à Antony Métro d’abord puis au Racing 92. Ses débuts avec le ballon ovale suivant géographiquement la carrière de son père Mikaele (53 matchs en Top 14, 69 de PRO D2), illustre de la maison Ciel et Blanc, passé trois ans durant à Mont-de-Marsan, devenu spécialiste de la mêlée rennaise.
Un match de Top 14
‘’Je suis arrivé au Racing en minimes et pour tout dire, je ne savais pas du tout que j’allais les rejoindre. Plusieurs fois, ils ont appelé mon père mais il ne m’en avait jamais parlé. Et un jour, il m’a annoncé que j’allais jouer là-bas’’. Premier saut de carrière. ‘’C’était bien différent d’Antony, le Racing c’est quand même une usine mais je ne regrette en rien. J’y ai énormément appris et progressé notamment physiquement et en défense. Pour moi, c’était une énorme source de motivation de croiser à l’entraînement untel passé par l’équipe de France ou par le groupe pro. Et une occasion de prouver’’. En mai 2018, considéré comme un ‘’partenaire élite’’ du centre de formation dont il suit le programme d’entraînement, il connaît la consécration. Au Stade de la Rabine de Vannes -à l’occasion d’une rencontre délocalisée dans le cadre du partenariat entre le RCV et le club francilien- Patrick découvre le Top 14 en entrant en jeu face à Agen. Le talonneur remplace Ole Avei et joue près d’un quart d’heure. ’’On peut clairement dire que j’étais stressé : le monde, les nombreuses caméras, le public, mais ça été. On a principalement défendu après mon entrée’’.
Solidité défensive
Tuugahala participe à la préparation estivale avec le groupe professionnel quelques semaines plus tard. Impressionné physiquement par Ben Tameifuna et Edwin Maka, couvé par l’international Dimitri Szarzewski (‘’c’est un gars sympa, il me conseillait beaucoup notamment sur le lancer, la mêlée’’), Patrick appuie sur la place importante de son père dans sa carrière. ‘’Il connaît le milieu, m’a poussé à être persévérant et bosser. Il faut repousser ses limites, toujours rechercher du travail et ne pas attendre’’. Avant d’ajouter, ‘’c’est assez étonnant mais une fois que mon père a arrêté sa carrière (NDLR : en 2013), j’ai complètement arrêté de suivre le rugby même si j’y jouais encore’’.
Après s’être donc entraîné avec le groupe du duo Labit-Travers, Patrick réintègre les Espoirs. Dans une équipe particulièrement solide composée de nombreux internationaux U20, notamment concurrencé par Issam Hamel, il joue ses derniers matchs chez les pensionnaires de la U Arena. ‘’Ils m’ont prévenu qu’ils ne me conservaient pas mais je m’en doutais’’. En contact avec des clubs de PRO D2 et de Fédérale 1, il choisit Rennes pour poursuivre sa progression. Et arrive accompagné. En effet, alors que son frère Giovani (troisième-ligne) intègre le groupe Espoir, il débarque aux côtés de Côme Caccia-Couasnon et Atonio Ulutuipalelei, côtoyés au Racing. À propos de Patrick d’ailleurs qu’il considère comme son ‘’frère’’, Atonio, pilier droit, ne tarit pas d’éloges : ‘’il a beaucoup d’activité, un gros cardio et est très solide en défense. C’est un bon joueur mais on dirait plus un trois-quarts qu’un talon (rires)’’.
Lancer la saison
Comme Ulutuipalelei et Caccia-Couasnon d’ailleurs, Tuugahala découvre un championnat dans lequel il n’a jamais évolué. ‘’Je ne connaissais pas du tout mais on m’avait prévenu de deux choses : la Fédérale 1 ça tape fort, plus qu’en Espoirs. Et j’allais être entouré d’adultes. Ce qui n’était pas le cas en U23. Et c’est très différent, par exemple, tu ne peux pas parler comme tu veux, il faut être respectueux’’.
Après avoir défendu les couleurs de Wallis-et-Futuna à 7 début juillet, il a rejoint le REC et participé aux matchs amicaux face à Nantes puis Marcq-en-Barœul. Avant la plongée dans la bouillante Fédérale 1 contre Tyrosse. Individuellement, ses débuts ont été ponctués d’une percée dans le premier acte et d’un rôle important dans une mêlée particulièrement conquérante. Collectivement, la défaite par 24-26 a sonné les Rennais. ‘’C’est un grosse déception d’avoir perdu surtout après avoir dominé comme on l’a fait en première mi-temps. Il y a certainement eu du relâchement mais je trouve que cette défaite est difficile à expliquer’’. Il est toutefois hors de question de gamberger. ‘’On doit se concentrer sur Cognac pour gagner. Ce revers nous a mis un bon coup et on se doit de respecter ce qu’on se dit dans les vestiaires. Le groupe a l’occasion de se rattraper’’. Face à un cador de la poule, favori à la tête du championnat et finaliste du Challenge du-Manoir il y a quelques mois (défait par Mâcon), les Rennais vont avoir fort à faire. Et tiennent une belle occasion de lancer la saison.
