Difficile de passer à côté du phénomène. S’il se montre assez calme en dehors du pré, Matéo Jeune Joly est souvent pieds nus, la blague facile, plaçant quand il peut son village de Saint-Quentin-la-Poterie, son fief à quelques encablures de Nîmes qu’il apprécie tant et où son frère évolue en série régionale. Quand il s’agit de passer au terrain, le demi de mêlée se transforme en animal, qui malgré son mètre 70 pour 70 kilos, a saisi tous les enjeux de la loi de la jungle. Défenseur acharné, boule d’énergie, Jeune Joly harangue ses troupes et les adversaires jusqu’à l’usure.
Vincent Brehonnet, son entraîneur, raconte. ’’Rugbystiquement, c’est l’image qu’on se fait d’un neuf. Le pénible, lequel fait sortir les adversaires de leurs gonds. Chez les avants, il a très vite fait l’unanimité notamment parce qu’il est très courageux malgré son morphotype. Surtout, il n’est pas que courageux, c’est un très bon joueur de rugby avec une belle passe. Je veux aussi mettre en avant ses qualités humaines''.
‘’Si j’irais à la guerre avec lui ?’’
Le compliment n’étonnera pas son ami Nino Séguéla. Longuement coéquipiers à l’USAP, l’ailier et le demi de mêlée ont forgé une véritable amitié et partagent la même énergie dévorante sur le rectangle vert. Rapidement, Séguéla encense Jeune Joly. ‘’Déjà, c’est un meneur d’hommes, il peut te gérer trente types facilement. Je le trouve aussi très professionnel, dans ses routines, ses discours rodés, sa capacité à transmettre la motivation’’. Sur le plan humain, le Sang et Or affiche les qualités de l’ancien Catalan, ‘’il est très gentil, serviable et complètement fou. Le côtoyer, c'est un régal’’.
Quand Timothée Massicot s’est engagé au Rheu, le staff réciste a rapidement cherché un élément au poste. ‘’L’objectif n’était pas de concurrencer Lucas Ollion mais d’avoir des joueurs capables de travailler ensemble pour se tirer positivement la bourre’’ explique Brehonnet. ‘’Sur les vidéos, on a vu ses qualités, sa façon de coller au ballon et avec les retours positifs de Florian Cazenave qui l’a entraîné, on a foncé’’.
Dans le système de jeu, Matéo Jeune Joly a rapidement trouvé sa place avec détermination et talent. Son coéquipier Alexandre Fau dit ‘’penser plein de belles choses’’ sur le Néo-Breton. ‘’Dans le projet, il est très impliqué en plus d’être travailleur. J’apprécie le fait qu’il soit entier dans toutes ses strates. Si j’irais à la guerre avec lui ? Oui’’.
Le capitanat à Pierre-Rajon
Dans les compositions noires et blanches, Jeune Joly alterne avec Ollion, leurs profils différents se complétant. Quand le REC s’est déplacé à Bourgoin sans Gueroult, Dubois et Béraud, les capitaines ont nommé Jeune Joly pour les suppléer. Jolie marque de confiance pour le joueur, auteur d’un discours tranchant alors que la prestation globale fut plutôt à son image dans l’idée de ne jamais céder. Brehonnet est satisfait de penser que le demi de mêlée est bien dans le groupe, ‘’notamment dans sa colocation qui fonctionne’’ avec les trois-quarts Matéo Carrère et Hypolite Cornu.
Son arrivée au REC correspond à la montée du club mais aussi à la volonté de Jeune Joly de s’imposer en senior après avoir mené nombreuses batailles à l’USAP, du capitanat en Espoirs aux feuilles chez les professionnels. Le saut en Bretagne est une réussite. Son affirmation, à 22 ans, est véritable. Sur ses axes de progression, l’entraîneur des trois-quarts glisse ''le jeu au pied’’ et ‘’le tempo’’. Soit sa capacité à ‘’ne pas toujours être à 10 000 % mais aussi dans la gestion’’.
Dans ses ambitions, le REC sait qu’il peut considérer Jeune Joly comme un atout. De la trempe de ces joueurs qui ne baissent jamais les bras, quelle que soit la taille du défi.