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Fédérale 1, J5

Jérémy Boyadjis : ‘’Avant je jouais au rugby pour faire taire ceux qui répétaient que je n’y arriverais pas, maintenant je me bats pour mes enfants’’

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Niort RC - Rennes EC, dimanche 13 octobre, 15 heures. Devenu fer de lance du pack rennais, Jérémy Boyadjis a longtemps lutté pour réussir dans un sport qui ne lui était pas prédestiné. Entre gaz de schiste, passage à Rouen, famille et mêlée fermée, il s’est construit. Portrait.
REC-NRC
La mêlée rennaise face à Niort ©Dominique Deblaise
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Boyadjis, plaqué face à Bergerac, sous les yeux de Koyamaibole ©Dominique Deblaise
Boyadjis
Jérémy Boyadjis ©Dominique Deblaise
-par Jean

‘’Jérémy est un très bon droitier, lequel excelle en mêlée et en conquête. Il apporte au groupe par sa technicité et sa puissance sur le terrain. En dehors, il a le cœur sur la main et s’entend bien avec tout le monde c’est assez impressionnant d’ailleurs, c’est quelqu’un de très précieux à la vie de groupe. Boya quoi !’’. Qui de mieux placé pour parler de Jérémy Boyadjis que Victor Paquet ? Les deux premières-lignes comptent quinze titularisations communes la saison passée et ont ferraillé côte à côte pour permettre au pack breton, novice en Fédérale 1, de se faire un nom. D’ailleurs, seul le rugby a pu rassembler deux hommes nés à 700 kilomètres de distance et à quatre mois d'intervalle. Paquet dans le Nord, Boyadjis à Toulouse et quand le premier cité a rallié la Ville Rose, le deuxième avait déjà migré plus au Sud encore vers la frontière espagnole. 

La Section Paloise plutôt que le Québec 

Jérémy Boyadjis est donc né sur les terres du grand Stade toulousain mais rien ne le prédestinait alors à marcher sur les traces d’Omar Hasan. Mêmes si ses qualités de chanteur, en avant-match, casque sur les oreilles, pourrait faire pâlir le pilier argentin, quatre ans au Stade toulousain, désormais baryton. ’’J’ai commencé le rugby assez tard, à Montréjeau, avant de partir à Lannemezan. Je jouais là-bas en Reichels (NDLR : championnat alors réservé aux joueurs de moins de 21 ans) et j’étais en pourparlers pour partir faire du gaz de schiste au Québec’’ explique Boyadjis. ‘’J’aurais arrêté le rugby mais lors de mon dernier match avec le CAL, face à Biarritz, j’ai été repéré, non pas pour mes qualités rugbystiques mais plutôt physiques (rires) par Pau et je suis parti à la Section’’. Passé du gaz de schiste au stade du Hameau, le projet professionnel de Jérémy Boyadjis prend alors une toute autre tournure. 

‘’J’ai joué trois ans à Pau, une année en Reichels A où on va jusqu’en demi et deux en Espoirs. C’est d’ailleurs là-bas que j’ai croisé pour la première fois Le Pics (NDLR : Bastien Le Picaut, pilier gauche du REC) qui était à Montpellier’’. Il croise également la route des frères Taofifenua, devenus pros depuis, ou encore de Cyril Baille, international français. ‘’Le championnat Espoirs était relevé, c’était l’occasion de progresser. J’ai débuté en parallèle une formation de plombier et après trois saisons, j’ai rejoint Auch’’. Le FCAG est encore une place forte du rugby tricolore et lutte pour sa survie en PRO D2. ‘’Ils m’ont fait confiance et je leur en suis reconnaissant : neuf feuilles en deuxième division avec une seule victoire au compteur d’ailleurs (rires). On est descendus, en Fédérale 1, j’y ai joué encore un an’’. À Auch, Boyadjis a goûté à la PRO D2 et à la Fédérale 1 (22 feuilles en équipe fanion), c’est là-bas que débute son histoire avec la troisième division nationale qu’il ne quittera plus. Il évolue ensuite deux ans au Rouen Normandie Rugby sous les ordres de Richard Hill et remporte un titre de champion de France Jean-Prat aux côtés de Bastien Le Picaut et Théo Platon notamment. ‘’Rouen, ça correspondait à ce que je recherchais avec ma femme. Je voulais changer d’air après Auch, je pensais à l’Angleterre. Et avec Hill j’ai trouvé un Anglais en Normandie. J’ai rencontré des personnes exceptionnelles et mon aventure là-bas m’a surtout permis de progresser sur les skills, la passe, la vision du jeu. Des secteurs dans lesquels j’avais de grosses lacunes. Rouen m’a aussi offert une autre vision du rugby’’. En effet, Boyadjis est un homme du Sud-Ouest et les avants-matchs musclés, il en connaît un rayon. ‘’À Lannemezan, je savais ce que c’était de se mettre des gifles et des coups de tête avant les matchs, t’y es deux heures avant et t’as le temps de jouer le match trois fois dans ta tête. À Rouen, c’était bien différent, à l’anglo-saxonne. Richard prônait le fait de ‘’switcher’’ sur la rencontre au moment de traverser la ligne pour entrer sur le terrain. J’ai eu du mal à m’adapter mais c’est en fait ce qui me convient le mieux, j’ai eu l’occasion de travailler là-dessus avec des sophrologues et je me suis habitué à décompresser avant le match, ça me rend plus performant’’. Au cours de son passage dans le club de Jean-Louis Louvel, Boyadjis ne perd qu’une poignée de matchs avec ses coéquipiers, lesquels roulent littéralement sur la Fédérale 1. Un titre pour clore le chapitre RNR et le robuste pilier droit prend la route de Chambéry. 

La mêlée comme cheval de bataille 

‘’Les contacts avec Chambéry ont commencé bien avant mon arrivée. Avec Auch, je traversais une période de doutes, je ne jouais plus et sur un match de play-offs… contre Chambéry, le coach m’appelle pour suppléer un blessé. Au moment de jouer, le staff me dit clairement que je dois prouver que mon point fort, c’est la mêlée. J’entre, on fait vraiment un gros match, et Michel Ringeval (NDLR : alors entraîneur du SOC) cherche à me contacter le lundi suivant le match. Mais j’avais déjà une proposition de Rouen’’. Passé par la Normandie pour finalement rallier la Savoie, tel est le cheminement de ‘’Boya’’ qui évolue pendant un an chez les Éléphants ‘’dans une superbe région. J’y ai côtoyé de très bons joueurs comme Mosese Ratuvou (NDLR : centre ou ailier fidjien, désormais à Rouen en PRO D2), sa rencontre m’a particulièrement marqué car c’est un joueur que je suivais à Lyon, où il était meilleur marqueur. Et j’ai découvert une personne très sympa et accessible’’. La Fédérale 1, Jérémy Boyadjis en est un habitué et après un an à ‘’Chambé’’, Yann Moison et le REC l’ont choisi pour apporter son expérience du combat alors que le club allait découvrir un nouveau championnat. ‘’Quand je suis arrivé à Rennes, ça ressemblait à Rouen dans l’idée : montée, nouveau challenge. À part qu’à Rouen, on a commencé avec trente joueurs professionnels’’. L’année passée, le pilier empile les apparitions et les minutes de jeu (quasiment 1400 au compteur) pour s’imposer comme l’un des fers de lance du pack réciste. 

‘’À Rennes, on travaille beaucoup  pour être solides en conquête et en mêlée et la venue de joueurs comme Victor (Paquet) ou Rome (Taelega) ont contribué à nos bonnes performances. Je n’ai jamais vu un deuxième-ligne pousser comme Rome, il faut en profiter avant qu’il arrête (rires). Mika (Tuugahala) nous a également énormément fait progresser collectivement’’. Devenu son cheval de bataille, la mêlée fermée n’a pourtant pas toujours été le point fort de l’ancien auscitain. ‘’J’y ai vraiment pris goût avec Pierre-Trip Capdeville, qui était pilier à Pau et que je considère comme mon mentor. Dans le Sud et à Auch particulièrement, je me souviens que la mêlée c’était 90% dans la tête, la poussée, le mental. Et quand j’ai atterri à Rouen, je me suis rendu compte que la mêlée se joue à huit. Je n’ai pas perdu pied mais j’ai dû m’adapter et j’ai notamment travaillé avec le spécialiste Alexandre Castola pour progresser. J’espère maintenant qu’elle ne sera jamais supprimée car la mêlée est un formidable point de rencontre’’. En Bretagne, le natif de Toulouse a donc apporté sa science des zones de combat, sa soif de victoire mais une aussi une joie de vivre communicative. 

Discipline

Et Jérémy le dit aisément, il est un autre joueur depuis l’arrivée de ses deux enfants. ‘’C’est plus pareil bien sûr. Avant je jouais au rugby pour faire taire ceux qui répétaient que je n’y arriverais pas, maintenant je me bats pour eux’’ explique-t-il, ému. Avant d’ajouter, ‘’c’est pour eux que je lutte, je me suis fait tatouer leurs dates de naissance sur la cuisse pour qu’à chaque mêlée, je les voies et je me rappelle pourquoi je fais tout ça’’. Il appuie aussi sur le rôle capital de sa femme dans son parcours de joueur : ‘’j’ai connu Julie avant d’être professionnel, quand le rugby était un loisir et qu’il y avait encore le gaz de schiste comme option (rires). Elle m’a aidé, m’a fait grandir comme homme et j’ai pu me concentrer sur ma progression en tant que joueur’’. 
 
Concernant le début de saison de son équipe, Boyadjis est encore ‘’mitigé’’ sur cette entame difficile ternie par deux défaites à la dernière action. ‘’Je comprends toujours pas le revers face à Tyrosse mais on a relevé la tête au Bassin et contre Marmande’’. Et concernant le jeu ? ‘’La discipline c’est notre combat actuel, on est en nette progression dans ce secteur depuis deux matchs et il faut continuer. À Auch, on nous disait qu’une victoire à l’extérieur, ça passait par moins de douze fautes et dix maximum à domicile. Il faut s’inscrire là-dedans’’. Et pour cette saison prometteuse, qui peut permettre aux Rennais de s’inscrire dans la durée en Fédérale 1, les Bretons vont pouvoir compter sur leur infatigable pilier. Lequel va continuer à chanter Booba à tue-tête et à parler de la mêlée avec passion. 

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